Calendrier de l’avent: Consigne 6

Calendrier de l’avent: Consigne 6

Consigne 6

Ton sapin est encore dans ton garage ou au grenier.

Il est encore au magasin et tu vas l’ acheter .

Il est déjà dans ton salon, scintillant de ses belles couleurs.

Sais tu que ton sapin a des choses à te dire .

Écoute-le et transcris ses mots dans le commentaire .

Amuse toi surtout .

Laurence Bertinchamps

Sors -moi vite de ma boite!

Dépoussière-moi !

Pare moi de mille scintillances!

Accroche à mes branches lutins moqueurs et oiseaux chanteurs !

Garnis mon sommet de l’étoile du berger !

Orne-moi de guirlandes et de paillettes !

Et dépose à mes pieds :

Tout l’amour du monde pour que ses occupants se comprennent, s’écoutent, s’entendent, s’acceptent, pour qu’ils se réjouissent de leurs multiplicités.

Laurent Lebutte

Esprit de Noël

« Fait chier », je suis encore en retard… Je fulmine à l‘intérieur et garde une attitude zen à l’extérieur. Mais à cette allure le premier qui va m’emm… Je vais lui exploser au visage!

Et les gosses à aller chercher. Ils vont aussi râler et je les entends m’embêter avec cela toute la soirée. Personne n’avance en plus. Pas un, pour rattraper les autres. Ils vont me faire pleurer. Je ne comprends pas ce qu’ils ont. C’est de l’acharnement.

Tantôt c’est mon boss qui m’est tombé dessus pour une erreur qu’il a commise. Si ce n’est pas malheureux. Je lui rappelle pourtant et je pense qu’il n’a même pas capté qu’il était responsable. Je vais finir par penser que c’est un « con » aussi.

Dans la file, un papi qui ralentit le trafic . Sa manière de conduire ressemble à celle d’un vieux. Excessivement prudent, ralentissant au moindre risque, presqu’un fait exprès. Et derrière, ils commencent à klaxonner. Ça accentue mon agacement. Je déteste le bruit.

Le GSM commence à vibrer. C’est mon plus grand qui appelle. Il doit s’impatienter. Je devais être là à 16H50. Il est passé 17h20. La pluie est venue s’abattre sur ma voiture il y a une demi-heure et je m’en veux de ne pas être partie plus tôt. Je le sais, je dois leur dire lorsqu’ils débordent en réunion. Et si c’était pour dire des choses intéressantes… Mais non, ça tourne en rond, ça ergote, pinaille pour justifier sa présence. Des vrais coqs de basse-cour. Je suis fatiguée de porter tout cela, je suis fatiguée de ne pas être vue dans mes actions pour que tout roule. Ils ne s’en rendent pas compte. Je rêve de voir tourner la boîte sans moi. Elle pourrait s’effondrer sans tous les petits gestes que j’y joins. Mon esprit me le dit, personne n’est indispensable. Mais ils ne savent pas, les petites actions qui mettent de l’huile dans les rouages, personne ne le fait, je suis la seule et ils n’ont pas conscience de l’effet que cela produit.

Ce soir, j’ai promis aux enfants de mettre le sapin. Je n’ai envie que d’une chose: m’enfoncer dans une couette, mettre le chauffage au maximum et m’endormir loin du monde.

Et la radio qui lance le concours de chants de Noël. Je peux passer d’une chaîne à l’autre, il n’y a que Mariah Carey qui vante les mérites des fêtes de fin d’années.

En boucle dans ma tête en même temps que les clochettes de Noël, je me débat contre cette tendance musicale.

Le GSM qui rappelle, bon, je décroche: -Noah, c’est toi? J’ai à peine le temps d’entendre sa réponse que la police m’interpelle dans la file.

Je raccroche, me glisse sur le bas-côté et ouvre ma fenêtre pour répondre aux injonctions de l’agent. De grosses gouttes éclatent sur la portière et noient ma manche côté fenêtre.

– Oui monsieur l’agent. Le policier a une longue cape imperméable où glissent des filets de pluie qui coulent en trombe sur lui tout en reflétant les éclats des phares.

– Ma petite dame, vous devez savoir que le GSM est proscrit au volant.

Toute mon énergie est en train de fuir par tous les pores de ma peau. Je vais m’effondrer. Je reste coite devant autant d’évidence s?

Des mois que je rumine pour l’achat d’un kit mains libres, mais non, je reporte, et cela me rattrape en ce moment.

– J’ai bien peur que cela ne vous coûte bien cher! Cela fera 250€ et il a l’appareil avec lui. Il encode les quelques éléments de la transaction et me tend son appareil barbare. « Diling diling », j’entend le bruit de mon compte se soustraire d’une partie des cadeaux de Noël que j’aurai pu faire et un soupir profond envahi mon esprit. Les larmes sont à fleur. Juste là en dessous des paupières, au moment de refermer la fenêtre.

Ma journée est finie, je n’aurai plus la force de continuer. Je vais rester planté là, sans bouger…

Le téléphone se remet à sonner. -Ah mes enfants; me dis-je intérieurement comme une mère indigne que je suis. L’heure me saute aux yeux. 17h40.

-Allo, Noa?

-Oui maman, Martha nous a ramené, j’essaye de t’appeler depuis une heure. Nous sommes à la maison.

Je suis soulagée de tous mes manquements, une vague intérieure me traverse. mais je ne sais quoi dire à mon gamin Je tâche de reprendre un peu le dessus sur mon état. Je fais demi-tour à la première occasion et la circulation devient plus fluide. La pluie cesse même comme un signe de changement flagrant.

Il me reste la perspective de la soirée et du sapin à installer. Cela continue à me décourager. Je ne sais pas où je vais aller trouver la force de monter le sapin ce soir. Mais j’imagine la déception des enfants et ça c’est impossible à imaginer. Donc je prendrai sur moi, sur mes réserves existantes pour réaliser leur souhait. L’esprit de Noël est une vraie farce en y pensant.

Je ferme les yeux, je voudrais que mon sapin soit mis en rentrant et que le repas soit fait. Je voudrais que la maison soit chaude et que tous les devoirs soient faits. On peut toujours rêver.

Le reste du chemin se passe sans encombre. La voiture de Martha est toujours là à mon arrivée. Peut-être qu’un apéro avec elle me ferai le plus grand bien. Martha est une super amie et ses enfants s’entendent fort bien avec les miens. Sa présence me ravi.

Sortir de la voiture, plus que quelques mètres pour rentrer en soirée. Éviter les flaques, chercher mes clés.

La porte s’ouvre toute seule!

-Maman, Maman, on a mis le sapin, et Martha a fait à manger.

En entrant, la maison baigne dans le calme. Les cahiers des enfants sont à table ouverts et Martha remue dans la cuisine. Cela sent le couscous. Est-ce possible… Les enfants me serrent dans leurs petits bras et une petite musique de Noël sort de la guirlande du sapin.

Ils ont lu dans mes pensées, ils ont réalisé mes rêves.

Une forte émotion monte dans ma gorge. Je peux poser mes valises et embrasser mon amie. L’esprit de Noël a envahi mon humeur. Je fonds.